INTERVIEW – Comment les soldats ont-ils fêté Noël dans les tranchées en 1914 ?

Au Cœur de l'Histoire - A podcast by Europe 1

Découvrez l’abonnement "Au Coeur de l'Histoire +" et accédez à des heures de programmes, des archives inédites, des épisodes en avant-première et une sélection d'épisodes sur des grandes thématiques. Profitez de cette offre sur Apple Podcasts dès aujourd’hui ! Peut-on fêter Noël pendant la guerre ? En 1914, les soldats plongés dans l’horreur des tranchées y croient le temps de quelques heures. En compagnie de l’historien Jean-Yves Le Naour, spécialiste de la Première Guerre mondiale, Virginie Girod vous plonge Au Cœur de l’histoire de la trêve de Noël, une parenthèse d’humanité dans une Europe déchirée par la guerre. Contrairement à une idée reçue, les soldats français en 1914 ne partent pas au front la fleur au fusil. "C’est plus complexe que ça" nuance Jean Yves Le Naour. "La France est encore très rurale avec 40% de paysans. Nous sommes au mois d’août, on est en pleine moisson : la guerre, c’est une catastrophe". D’autant plus que la guerre a changé de visage. "On va découvrir que le roi de la guerre c’est le canon, l’obus. Et face à cette violence de l’âge industriel, la seule façon de tenir le terrain c’est de s’enterrer". Les tranchées apparaissent d’abord spontanément, et début novembre 1914 l’ensemble du front est fixé de la Suisse à la mer du Nord. La durée du conflit s’allonge. "On était persuadé que ça ne durerait que quelques semaines” rappelle l’historien. "Il n’y avait rien de prévu, c’était vraiment creusé à la va-vite. La vie dans les tranchées, c’était une catastrophe durant l’hiver 1914". À l’approche de Noël, seul le Pape Benoît XV, à la tête d’une chrétienté déchirée, appelle à la paix. Aucun État-major ne pense à faire une trêve. Aussi, quand les soldats sur le front déposent les armes pour Noël, "c’est complètement spontané" explique Jean-Yves Le Naour "Se battre ce jour-là, il y a quelque chose d'ignoble, d'inacceptable pour les soldats". Les témoignages dont on dispose sont assez fragmentés. "C’est assez difficile de faire l’histoire de cette trêve, les états-majors n’ont pas voulu communiquer là-dessus. En France, c’est la censure totale". Chants, poignées de mains, échange de denrées et même un match de foot : les formes que prennent la trêve sont nombreuses, mais les scènes de fraternisation ont surtout lieu entre Allemands et Britanniques. "Il n’y avait pas le même passif, la même histoire qu’entre la France et l’Allemagne". Mais dès le 26 décembre, les tirs reprennent. "C’est là le grand drame, on se remet à s’entretuer". Il n’y aura pas de trêve similaire durant les autres fêtes de Noël de la Première Guerre mondiale. "Il y a des ordres qui sont donnés : ce jour-là, on donne l’artillerie afin d’éviter qu’il y ait des fraternisations" raconte Jean-Yves Le Naour. Thèmes abordés : WWI, Noël, trêve, fraternisation, France, Allemagne , Royaume-Uni "Au cœur de l'histoire" est un podcast Europe 1 Studio - Présentation : Virginie Girod - Production : Camille Bichler avec l'aide de Nathan Laporte - Réalisation : Pierre Cazalot - Composition de la musique originale : Julien Tharaud - Rédaction et Diffusion : Nathan Laporte - Communication : Kelly Decroix - Visuel : Sidonie Mangin

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