Le prix de l'essence va-t-il flamber ?
Choses à Savoir ÉCONOMIE - A podcast by Choses à Savoir

La question brûle les réservoirs : la frappe israélienne du 13 juin contre plusieurs sites militaires iraniens a propulsé le Brent jusqu’à 78,50 dollars dans la journée – un bond de 13 % – avant de clôturer à 74,23 dollars (+7 %), la plus forte envolée en une seule séance depuis l’invasion russe de l’Ukraine. Cette hausse reflète surtout une « prime de risque » : les opérateurs paient l’assurance d’un baril qui, pour l’instant, n’a subi aucune interruption physique.Sur le plan des fondamentaux, les signaux restent rassurants. Selon Ben Hoff, directeur de la recherche matières premières à la Société Générale, les frappes « ont délibérément évité Kharg Island, d’où sort 90 % du brut iranien », limitant donc le choc d’offre immédiat. Goldman Sachs et Citi estiment qu’un embargo réel reste peu probable ; ils maintiennent leurs prévisions d’un Brent retombant autour de 59 dollars fin 2025, sauf si le détroit d’Ormuz venait à être bloqué. Commerzbank, de son côté, considère que le baril pourrait s’arrimer au-dessus de 70 dollars tant que l’escalade reste contenue.L’Agence internationale de l’énergie (AIE) souligne que le marché mondial « reste bien approvisionné » : la hausse de l’offre hors OPEP+ (1,3 million de barils par jour cette année) dépasse la croissance de la demande. De plus, les stocks des pays de l’OCDE frôlent les 2,7 milliards de barils. Autrement dit, des réserves existent pour amortir une éventuelle crise prolongée.Et à la pompe ? En France, le pétrole brut représente environ 50 centimes par litre, soit un tiers du prix total. Un saut de 10 dollars du baril se traduit par une hausse de 5 à 6 centimes, avant taxes et marges. En 2022, lors des précédents pics, la fiscalité française a amorti une partie du choc. Toutefois, l’ex-député Alexis Izard redoute un retour possible vers 2 euros le litre si le Brent dépassait durablement les 100 dollars. Pour l’heure, le litre de SP95 était retombé autour de 1,80 euro avant la frappe ; la hausse attendue reste donc limitée à quelques centimes.Le vrai risque ? Une fermeture du détroit d’Ormuz, par lequel transite 20 % du pétrole mondial. JPMorgan envisage alors un Brent entre 120 et 130 dollars. Goldman Sachs évoque un seuil psychologique à 100 dollars. Mais Francis Perrin, spécialiste à l’IRIS, rappelle qu’un tel blocus nuirait d’abord à l’Iran lui-même, dont l’économie dépend des exportations maritimes.En résumé, les automobilistes peuvent s’attendre à une hausse modérée, sur une courte période. Tant que les infrastructures pétrolières restent intactes et Ormuz ouvert, aucune flambée prolongée n’est à craindre. La vigilance reste de mise, mais l’incendie n’est pas (encore) déclaré. Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.