Pourquoi le gouvernement envisage-t-il une “année blanche” ?
Choses à Savoir ÉCONOMIE - A podcast by Choses à Savoir

Face à la pression des déficits, le gouvernement envisage l’option radicale d’une « année blanche » en 2026. L’idée consiste à geler partiellement ou totalement les dépenses publiques, sans suivre l’évolution de l’inflation. Sur le papier, c’est simple : les dépenses de l’année précédente sont reconduites, mais leur pouvoir d’achat réel diminue.Concrètement, cela toucherait trois grands axes :Les prestations sociales (retraites, allocations familiales, aides au logement...) : elles ne seraient pas revalorisées en fonction de l’inflation, ce qui représenterait une économie de plusieurs milliards d’euros – soit environ 3 milliards sur les retraites et 1,5 milliard pour les autres prestations.Les dotations de l’État aux collectivités locales, mais aussi les budgets des ministères : si tout est gelé, la masse totale reste la même, mais les prix ayant augmenté, les collectivités et ministères disposeraient d’un pouvoir de dépense réduit.Les recettes fiscales : en gelant les barèmes de l’impôt, de la CSG ou de la TVA contrairement à l’inflation, le gouvernement récupérerait mécaniquement plus d’argent. Par exemple, la stagnation du barème de l’impôt sur le revenu pourrait rapporter près de 2,8 milliards d’euros.Sur le plan strictement budgétaire, le calcul est simple : quelques dizaines de milliards d’économies potentielles, ce qui permettrait de s’approcher d’un déficit de 4,6 % du PIB en 2026, contre 5,1 % attendus. D'autres études évoquent jusqu’à 15–25 milliards d’économies.Pour autant, ce dispositif suscite de nombreuses réserves :Impact social : geler les prestations revient à les dévaluer, ce qui pèse davantage sur les ménages modestes. La moindre revalorisation a un impact réel pour les retraités ou allocataires.Effets récessifs : en réduisant le pouvoir d'achat, surtout dans les classes moyennes et populaires, le gouvernement risquerait de freiner la consommation et donc la croissance.Injustice fiscale : l’"année blanche fiscale" fait basculer des contribuables vers une tranche supérieure, sans augmentation de valeur réelle de revenu — une forme de hausse d’impôt déguisée.Critiques institutionnelles : le président de la Cour des comptes, Pierre Moscovici, y voit un palliatif ponctuel qu’il préférerait substituer à des réformes structurelles et durables.Autre limite : le gel budgétaire ne s'appliquera probablement pas uniformément. Certains secteurs prioritaires (ex : Défense, Recherche) ont déjà des budgets programmés pluriannuellement, difficiles à figer.En résumé : l'année blanche, c’est l’option rapide et radicale, utile pour gagner du temps et alléger le déficit à court terme. Mais elle demeure symboliquement lourde : elle compresse le pouvoir d’achat, amplifie les inégalités, ralentit l’activité et retarde des réformes nécessaires. Le gouvernement doit annoncer un plan d’ensemble cohérent avec ces enjeux avant la mi-juillet. Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.