Le retour du risque nucléaire
La Pause géopolitique - A podcast by Anne Battistoni - Thursdays
Intéressons nous aujourd’hui à un sujet grave, que l’on avait eu soulagement à mettre de côté, à chasser de nos esprits : le risque nucléaire. Le chaud et le froid souffle en ces mois de février et mars 2022 : l’espoir de voir aboutir les négociations avec l’Iran sur le contrôle de son programme nucléaire est largement occulté par les menaces que profère V. Poutine dès le début de l’agression de son armée contre l’Ukraine. Entre espoirs et inquiétudes… Le 24 février, un vent d’optimisme soufflait sur les négociations de Vienne portant sur le nucléaire iranien. L’Iran est en effet un pays suspecté de vouloir acquérir la technologie de l’arme nucléaire depuis le début du XXIe siècle, ce qui l’a exposé à des sanctions économiques internationales. Laborieusement, un traité avait été signé en 2015 entre l’Iran , les pays permanents du conseil de sécurité de l’ONU , l’UE et l’Allemagne permettant la reprise des inspections internationales sur les activités nucléaires de l’Iran en échange de la levée progressive de sanctions. Mais trois ans plus tard, en mai 2018, ce même traité (désigné par son sigle anglo saxon, le JCPoA, ou Joint Comprehensive Plan of Action) fut dénoncé par D. Trump et les sanctions remises au goût du jour. En conséquence, l’Iran, désormais sous l’influence de dirigeants radicaux, reprit ses activités d’enrichissement de l’uranium, au risque d’une prolifération qui inquiétait au Moyen-Orient et dans le monde. L’élection de J. Biden signifia la volonté de reprendre les négociations, mais jusqu’en décembre 2021, elles étaient plutôt dans l’impasse. L’espoir d’un compromis était donc une excellente nouvelle ce 24 février. Le compromis pourrait être dévoilé dans les jours prochains disait-on, il fallait encore une décision politique de Téhéran . On louait notamment l’action du négociateur russe, une figure centrale dans les pourparlers qui agissait de concert avec les Occidentaux en dépit de la crise ukrainienne latente. Mais le même jour, V. Poutine lançait les forces armées de la Russie contre l’Ukraine, n’hésitant pas à demi-mots à envisager l’utilisation de l’arme nucléaire. Tout d’un coup, le risque nucléaire faisait son retour de manière fracassante sur la scène des relations internationales alors que la diplomatie semblait être capable de surmonter les tensions les plus grandes comme entre Iran et Etats-Unis. Où en est-on depuis ce 24 février 2022 ? doit-on envisager sérieusement en ce début du XXIe siècle que l’arme nucléaire - pour nous Français arme de dissuasion par essence - puisse être envisagée par d’autres comme une arme tactique offensive ?