Le bijou comme un bisou #80 Couturissime célèbre le joyau couture qu’est Thierry Mugler

J’ai eu le plaisir d’être invitée au Musée des Arts décoratifs à l’avant première de cette, si fameuse exposition, consacrée à Thierry Mugler et je ne vous cache pas que tout d’abord j’étais tout simplement ravie de retourner au musée. Ensuite cette exposition consacrée à la démesure créative du couturier m’a transportée dans un ailleurs tellement extraordinaire que j’avais envie de vous faire partager le plaisir que j’ai éprouvé. Enfin la mode et les bijoux s’étant liés depuis l’exposition universelle de 1925, vous raconter cette haute couture et sa haute façon m’a tout simplement paru une belle idée.  Comme mon œil est irrésistiblement attiré par les bijoux, je tombe en arrêt devant un corset floral sublime, exposé seul au centre de 2 espaces. Le style est libre et naturaliste aurait très bien pu être inspiré de la Belle Epoque. Un enchevêtrement de lianes bijoux scintille de mille cristaux. Les tiges s’enroulent en vrilles bleutées, vertes et même mauves et enserrent la taille. Les rameaux grimpent des hanches à la poitrine pour s’épanouir en floraison charnelle tenant à la fois de l’orchidée rouge voluptueuse et de l’innocent lys pour exploser en gouttes de rosées diamantées jaillissant du cœur de pistil.     Autre atmosphère, autre sphère. Dans la salle où s’exposent les parfums, chaque mannequin symbolise une ambiance et des essences. Celui qui capte mon attention est une cyborg incarnée par une armure corset. Le métal, articulé, enserre le buste du pubis au plexus et garde l’arrondi de la poitrine. Cet habit de guerrière est aussi de lumière par la multitude de diamants cristallins en taille brillants et émeraudes, sertis clos et dressés les uns à coté des autres en rangs de bataille sur chaque hanche. A contrario, ces mêmes joyaux coutures, sont disposés en étoiles sur la poitrine qui ainsi rayonne. La tenue s’assortit de gantelets de chevalerie couvrant le bras entier du haut de la main jusqu’à l’épaule dont chaque extrémité brille de ces mêmes bijoux disposés en croix rayonnante comme une protection.     Au delà des carapaces, antennes, yeux de mouches et ailes de papillon qui signent la collection « Insecte » ? j’ai repéré dans une vitrine entre les croquis du parfum Angel et une lettre de Jacques Lang, une broche «  mille patte ». Longue comme les « devant de corsage » d’autrefois, en métal doré, le corps du scolopendre s’articule autour d’une colonne vertébrale formée d’une double rangée de cristaux bleus et verts en taille baguette d’où parte une à une des pierres taillées en navettes couleur tsavorite adossées chacune d’une perle or d’où s’échappe un fil doré recourbé donnant parfaitement l’illusion de mouvement des pattes. Aux deux extrémités, 2 cristaux taille princesse se dressent comme une double vue couleur rubis devant lesquels trainent 2 brillants oranges figurant les antennes.     Puis l’exposition m’emmène au Far West pour la collection Prêt-à-porter printemps-été 1992 intitulée Les Cow-boys. Un bustier qui m’a interpellé. Un corset bien sûr, tout doré. Les seins sont tenus par 2 étoiles de shérif d’où partent 2 baleines corsetées de fil d’or et rythmées de médailles sculptées en ronde bosse au symbole du dollar. Ce trésor arrogant par son emblème et son excentricité m’a fait penser à la saison sur les joailliers du rap qui vient de se terminer dans mon podcast thématique "Il était une fois le bijou". Les pièces d’or s’accumulent sur les flancs et ruissellent sur le pubis comme une dénonciation des circuits financiers et de leur provenance parfois glauque.       Mugler refusait les rétrospectives, c’est pourquoi cette exposition est exceptionnelle.        Musiques : 0 Le Sign, The Run – Kai Engel, The Two Seasons – Asher Tulero, Dragon and Toast – Kevin MacLeod, Titan – Scott Buckley, The Return – Alexander Nakarada, Airship Thunderchild – Otto Halmen, Journey Reflexion – Darren Curtis, Idyllic Light     

Om Podcasten

Parce que chaque semaine qui commence est un nouveau départ, j’avais envie de vous lire une histoire. Alors je vous propose le bijou comme un bisou du dimanche soir.  Je suis Anne Desmarest de Jotemps et chaque soir pendant le 1er confinement, j'ai raconté une histoire de bijou pour faire rêver et décrypter ce monde finalement peu connu au delà du scintillement de façade. Maintenant, le bijou comme un bisou raconte les grandes et petites histoires et l'actualité du bijou  pour célèbrer les joailliers, créateurs, artistes et artisans et les Maisons de joaillerie qui portent le savoir faire français dans le monde.    Musique : Allan Deschamps, 0 le Sign (https://www.youtube.com/channel/UCETH0hxO5jiwBDaIojtH5Pw/featured)