"Femme, Vie, Nudité" : Ahou Daryaei, l'étudiante iranienne qui a osé défier La République Islamique
T'as vu l'heure ? - A podcast by Radio Nova - Fridays

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Ahou Daryaei est devenue une icône en l’espace de 48h. Ce samedi, l'étudiante iranienne ôtait ses habits, devant l’université privée Azad de Téhéran, dans le nord de la capitale iranienne... Souvenons-nous de son nom, qui résonne comme celui de Mahsa Amini, il y a un peu plus de deux ans. Quelques instants plus tôt, avant cette démonstration de courage extraordinaire, Ahou Daryaei veut entrer dans l’un des bâtiments du campus, où elle étudie la littérature. Mais elle est refusée par des membres de la milice Basidji, une force paramilitaire à laquelle les autorités font régulièrement appel. Leur problème : Daryaei ne portait pas le "maghnaeh‘", ce tissu noir qui doit couvrir la tête, le front, le menton et la poitrine et qui est obligatoire dans toutes les universités iraniennes. Finalement, les Basidji violentent la jeune femme et l'empêchent d'entrer. En signe de protestation, Daryaei se déshabille presque entièrement. Une fois en culotte, soutif et pieds nus, l'étudiante s’installe d’abord sur un muret, puis se lève et marche pendant de longues minutes, sous les regards incrédules, avant d’être arrêtée. Selon les mots de la militante iranienne Narges Mohammadi, qui écrit depuis la prison, Daryaei a “utilisé son corps comme symbole de rébellion contre la misogynie" du régime iranien. La vidéo de cet acte héroïque de désobéissance civile a fait le tour du monde. "Femme Vie Nudité", plaisante la dessinatrice Coco, alors que des dizaines d’autres artistes se sont essayés à adapter en dessin ce qui est devenue une image de notre histoire. Certains représentent Daryaei en géante au milieu de minuscules autres personnages et d'autres reprennent les images originales en teintant tout le paysage de noir et blanc, cassé par l'image de l'étudiante en sous-vêtements, l'unique élément coloré. Des illustrateurs ajoutent également des slogans ou des poèmes. Un dessin en particulier se distingue par le lien qu'il construit entre le passé, le présent et le futur de l'Iran. On y observe Daryaei attraper un bâton de relai que lui tend une certaine Vida Movahed. Cette militante féministe iranienne s’était illustrée en 2017 pour avoir brandi son foulard accroché sur une branche dans une rue de Téhéran. Cette image, c’est celle d’une quête symbolique de la liberté et d’un gros doigt d'honneur qui a requis un courage immense. D'après un média iranien affilié aux gardiens de la révolution, après sa violente arrestation, Ahou Daryaei aurait été placée en hôpital psychiatrique. Ce n’est pas un procédé rare pour la République Islamique, qui n’hésite pas à parler de la “maladie du dévoilement”, un prétendu trouble psychiatrique d’exhibitionnisme, qui pousserait les femmes à vouloir montrer leurs cheveux et leur corps… Le régime a enfermé ainsi de nombreuses femmes, qui dénoncent des conditions de vie terribles dans ces services psychiatriques, torturées par les surdosages de médicaments et les violences permanentes des geôliers. Souvenons-nous du nom de cette incroyable résistante ! Elle s’appelle Ahou Daryaei, elle a 30 ans, mariée et mère de deux enfants, étudiante en littérature française, et désormais une icône de lutte ! Distribué par Audiomeans. Visitez audiomeans.fr/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.