La Malaisie en a marre d’être la grosse poubelle de l’Europe

T'as vu l'heure ? - A podcast by Radio Nova - Fridays

La Malaisie ne veut plus être une déchèterie ouverte pour l'Europe. Et continuer à subir les conséquences de l'indifférence de l'Union européenne (U.E.), qui n’assume pas la responsabilité des déchets des près de 450 millions d’habitants de ses États membres. Ainsi, au lieu de traiter ces détritus, il a été choisi de les envoyer aux pays pauvres... Résultat : la Malaisie est le deuxième plus gros dépotoir de l’Europe, derrière l'Indonésie et devant la Tunisie. Tout cela est pourtant parfaitement légal. L'Europe a d'ailleurs fait son autocritique puisque les derniers chiffres, alarmants au passage, nous viennent directement du bureau statistique de l’U.E., Eurostat, dans un nouveau rapport. Les chiffres sont limpides : c'est une montagne de déchets d'environ 283 mille tonnes qui a été envoyée par l'U.E. en Malaisie en 2023 (sur un total de 8,5 millions de tonnes de détritus envoyés hors de l’Europe par l'U.E.). Cette gigantesque masse d'ordures représente plus de 20% de tous les déchets plastiques européens. Pire, ces exportations des poubelles de l’U.E. ont explosées depuis un an. Le rapport chiffre une augmentation de 35% comparée à l'année précédente. En janvier 2020, la Malaisie renvoyait même des cargaisons entières de plastique non sollicitées à leurs envoyeurs. Près de 43 conteneurs sont ainsi rentrés en France par exemple. Selon un média chinois, certains déchets seraient même envoyés illégalement par des gangs chinois. Alors que la Chine traitait habituellement ces mêmes détritus, elle a finalement dit stop en 2018. Un refus en partie à l'origine de ces envois non autorisés vers la Malaisie. Une véritable filière de commerce illégal de déchets de l'Europe vers l'Asie du Sud-Est s'est même développée depuis plusieurs années : le traitement des ordures est devenu une entreprise criminelle hautement rentable. La Malaisie, le Vietnam, la Thaïlande et l'Indonésie en sont les premières victimes. En juin dernier s'est produit un nouveau coup de gueule du ministre de l’Environnement malaisien, qui se refuse à laisser le pays devenir "la poubelle du monde". Mais il est presque déjà trop tard. Si la Malaisie a laissé partiellement faire, c'est aussi parce qu'elle est payée pour traiter et recycler ces déchets, activités qui lui donnent dans le même temps l'opportunité de créer des emplois. Cette crise des déchets pointe la belle hypocrisie de l'U.E. qui dénonce la déforestation et la culture d’huile de palme en Malaisie, tout en leur envoyant les preuves de sa propre surconsommation. A priori, l’U.E. incinère la moitié de ses déchets au sein des 27 pays, tandis que l’autre moitié est envoyée à l’étranger. Peut-être qu'enfin l’U.E. va d’elle-même se mettre en accord avec les valeurs qu’elle prône, puisqu’en novembre 2023, les députés européens se sont engagés à interdire, en 2026, les exportations de déchets plastiques vers des pays qui ne sont pas membres de l’OCDE (l’Organisation de Coopération et de Développement Économiques). Une députée danoise l'a affirmé : "L'UE assumera enfin la responsabilité de ses déchets plastiques". Image d'illustration : Déchèterie de Jenjarom, un arrondissement de Kuala Langat, 2019, Mohd RASFAN / AFP Distribué par Audiomeans. Visitez audiomeans.fr/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

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